Plusieurs milliers de Lensois dans les rues contre le projet de loi interdisant le mariage entre cousins germains


PAS DE CALAIS – Plusieurs milliers de Lensois ont manifesté samedi après-midi contre le projet de loi du gouvernement interdisant le mariage entre cousins germains.
Ce projet de loi, soutenu par la gauche et une grande partie de la droite, a été voté jeudi en première lecture par l’Assemblée nationale avec une large majorité. La version actuelle est ambitieuse : elle encadre les mariages pratiqués dans le Nord de la France, et en particulier dans le Pas-de-Calais, en fixant des limites précises en matière de lien de parenté entre futurs conjoints afin de prévenir les risque de consanguinité.
40.000 Lensois en colère, tous unis contre le texte
En file de tête, les élus lensois ont lancé la marche à 14H00 face à l’Hôtel de Ville en direction de la Préfecture. Derrière eux, près de 40.000 Lensois en colère. Si certains des manifestants réclamaient le retrait immédiat du projet de loi, d’autres plaidaient pour une réexamen du texte. Tous dénonçaient un manque de concertation.
« Touche pas à ma cousine », « Mon cousin sinon rien ». Autant de slogans aperçus dans le cortège et scandés par la foule mécontente, où se côtoyaient cousins germains et cousines germaines, unis main dans la main.
Ethan, 19 ans, DJ sans emploi, est en colère. Marié à sa cousine depuis l’an dernier, il est venu manifester dans les rues de la métropole lensoise. « J’aime ma cousine et je ne vois pas où est le problème » peste-t-il. « Dans leurs bureaux parisiens, les politiques veulent nous imposer un modèle de couple unique.»
Dans les rues, les Lensois ont insisté sur  le respect des coutumes locales en accusant le gouvernement de vouloir « faire disparaître » une spécificité régionale. Car se marier entre cousins germains est une institution dans le Pas-de-Calais. Selon l’INSEE, sur près de 18.000 mariages enregistrés l’an dernier dans le département, 83% des couples étaient issus de l’union de deux membres d’une même famille, cousins germains voire frères et sœurs dans certains cas.
La consanguinité dans le Pas-de-Calais, un fléau
S’appuyant sur des études scientifiques pointant les ravages de la consanguinité, le Premier Ministre Emmanuel Valls souhaite mettre fin aux dérives. Selon lui, « dans un département déjà ravagé par l’alcool et le chômage, il n’est pas nécessaire d’y ajouter la douleur du handicap car ce type d’union augmente le risque statistique de transmission de maladies génétiques notamment lorsque le degré de parenté est trop important
A l’issue de la manifestation, un collectif de députés a reçu une délégation de Lensois en colère et a promis « dese faire le relais à l’Assemblée nationale des préoccupations du terrain.» Le projet de loi sera transmis au Sénat d’ici la fin du mois pour qu’il puisse l’examiner en procédure de consultation accélérée. Le gouvernement espère une mise en place effective au 1er janvier 2016.
La Rédaction

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